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   "Plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens." Vincent Van Gogh    

Thème de la Prédictionneuse &        le Tableau

photo & paroles & musique : ©2O23 - 2O25 l' Air de Paris

Normalement je n’aurais jamais dû rencontrer Tenebræ mais…

 

L’ Avenue d’ Ornan, on le sait tous, n’est pas très grande et il n’y a que deux cafés : le Ronsard et le Brenner.


Je travaille rue Réhane Vaudier à l’ Agence Grafica. Mes collègues et moi, pour déjeuner, nous allons au Ronsard parce que leur carte est régulièrement renouvelée et que leurs plats du jour sont vraiment bons. Nous avions testé le Brenner au début, mais le Brenner abuse avec ses tarifs. Jugez plutôt : un simple jambon-beurre, bien croustillant j’en conviens, ils vous le vendent 6€ ! Moi j’veux bien tout c’qu’on veut mais ils exagèrent quand même. Raphaël mon collègue designer y va. C'est son droit mais moi j'sais bien pourquoi !

Bref : le Brenner a un dossier épais chez nous !

 

Et puis il y a autre chose : Au Brenner la clientèle est différente. La plupart de celles et ceux qui y viennent déjeuner travaillent dans des agences bancaires, nombreuses Avenue d’Ornan, ou sont de l’ agence de voyage Travelling Weeds, et y vont aussi des vendeuses des boutiques de luxe du Boulevard de Trieste qui fait l’angle. Bref ce n’est pas du tout, mais alors pas du tout la même clientèle que celle du Ronsard, où se mêlent et s’emmêlent des étudiants, des artisans, des employés de la fonction publique, des graphistes comme Solène, Constant et aussi Gianna avec qui je déjeune souvent le vendredi, et on y trouve aussi des artistes dont les noms ne sont ni en haut ni même en bas d’une affiche.

 

Gianna a gardé juste ce qu'il faut d'accent italien pour transporter chaque fois le Ronsard à Ex Faro La Lanterna en plein été.

"Pourquoi me regardes tu avec ce beau sourire ? J'y suis ! : j'ai dit une bêtise ! C'est ça ?!?"

"Non non Gianna ! Mais... ... ... Oui : redis moi en italien un peu de tout ça"
"Un po' di tutto questo"
"Ha si !!! C'est bien !!! Avec toi à cet instant je suis à Trieste !"
"Que tu es bête !!!"
"Si si Gianna c’est vrai."

 

 

"J'espère que vos vacances se sont bien passées. Il va falloir songer à la rentrée." 

Gianna pouffe de rire. 

"Ha non Melvin !!! J't'en prie !" lui dis-je "Tu nous la resserres à chaque fois que tu nous vois ensemble ! Tu aurais pu au moins nous laisser savourer notre dessert. Que veux tu ???"

"Simon on m'a dit que c'est toi et Constant qui vous occupez d' Heure Noire le Parfum. Comme je sais que cela vous dépasse : si j'peux vous être utile !!!!"

"Ho non !!! Surtout pas toi le black U.S de service !!!" s'exclame Gianna qui avait déjà travaillé avec lui à San Diego.

"Gianna n'a pas tort !!!..." lui dis-je "On a eu déjà assez de mal Constant et moi à dégoter le contrat. En plus : garde ça pour toi : On est tous raciste dans la boite !!!"

"Mais oui ! J'avais oublié !!!" dit Melvin ravi en s'asseyant pour commander avec nous des cafés.

 

Simon regarde par la baie vitrée. Mais d'où il est il ne peut non seulement pas voir le pâle soleil de novembre, mais pas plus non plus la rue Jaulaine Fabier qui en profite pour elle seule. Et d'ailleurs cette rue n'occupe aucune place, aussi infime soit-elle, dans la vie de Simon.

 

Pour l'instant.

 

 

"Désolé Simon mais il est temps qu’on y aille."
"Mais oui tu as pour une fois raison Melvin ! Mais avec Simon au moins je n’vois jamais le temps passer !" dit Gianna avec un sourire vainqueur vers Melvin.

"Je ne vais pas tarder non plus." dis-je en m’apercevant que je n’avais plus de cigarettes sur moi.


Je me lève aussi et aide Gianna à enfiler son manteau.


"Tu vois Simon…" dit Melvin "...le problème avec Gianna c’est son affreux manteau en cuir orange ! Si tu voyais la gueule envieuse de Pavlina notre Chef-projet ! Je crois que Gianna fait exprès de le mettre lorsque l’on est, comme cet après-midi, en déplacement avec elle !!!"

 

En regardant Gianna et Melvin quitter côte à côte le café je souris à la si discrète et quasi invisible ondulation de leurs corps : "Ils couchent ensemble c’est évident."


À cette heure du déjeuner la partie Tabac-Presse-PMU du Ronsard ne désemplit pas. 
En attendant mon tour je regarde l’ Avenue d’Ornan maintenant éblouie de soleil et qui semble avoir délaissé pour toujours le manteau gris et maussade de Novembre qu’elle portait.

 

 

... / ...

À suivre

Thème de la Visite        et l' Avenue Helen Westcott

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