UTILISEZ UNIQUEMENT LE NAVIGATEUR EDGE ULTRA RAPIDE POUR L' AFFICHAGE ET VOGUER DANS NOTRE LABYRINTHE

   "Plus j'y réfléchis plus je sens qu'il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens." Vincent Van Gogh    

                                                                                 CHAPITRE 2

 

Lorsqu'ils revinrent dans le salon Miliane, certaine de sa décision, dit : "Ça y est j'en suis sûre maintenant : je le prends !". 

"Ho ! Vous ne le regretterez certainement pas" lui dit l'homme "Mais allons quand même voir les deux autres pièces :  la salle de bain et votre chambre." 
"Et le bureau. Il y a bien un bureau aussi Non ?" ajouta Miliane en lui montrant le dépliant.
"Ha oui... le bureau... Justement à propos de ce bureau : c'est que, voyez vous, il y reste deux ou trois vieux cartons que l'on comptait faire enlever en septembre. Si ils vous gènent je demanderais dès demain à quelqu'un de l' Agence de vous en débarrasser. D'ailleurs Madame Bastet m'a dit que l'ancien locataire lui avait dit de les détruire."

"Madame Bastet ??? Qui est-ce  ?"
"Mais c'est la Directrice de l' Agence ! Tenez ! Puisque nous sommes dans ce Grand Salon asseyez vous je vais dès maintenant mémoriser l'empreinte de votre main. Ce sera fait et cela  authentifiera par la même occasion notre transaction."
L'homme sortit de sa sacoche une sorte de tablette d'une couleur ocre et Miliane y posa sa main dessus.
"Voilà qui est fait et bien fait !" 


Miliane toute heureuse s'empressa de dire : "Pour les autres pièces c'est inutile. Je suis si contente d'avoir pu louer cet appartement. Je vous en remercie infiniment  Monsieur."
L'homme de l' Agence lui serra la main : "Dans ce cas ! Je vous dis au revoir. Nous nous reverrons en septembre. Et si d'ici là vous avez besoin de joindre l' Agence, je vous donne le numéro personnel de la secrétaire de Madame Bastet qui assure la permanence de l' Agence jusqu'en septembre."

 

En raccompagnant l'homme dans le couloir, Miliane par curiosité, lui demanda : "Que faisait le locataire précédent ?" 
"Il était ingénieur, je crois, dans le domaine de la mécanique quantique. Je vous dirais que je n'en sais pas davantage sinon que nous avons tous été plus que surpris par le message lapidaire qu'il a envoyé à l' Agence pour annoncer son départ."
"Madame Bastet en sait peut-être un peu plus mais ce n'est pas certain. Vous pourrez toujours lui demander si vous y tenez."


Devant l'entrée de l' appartement l'homme de l' Agence s'assura que Miliane savait bien faire fonctionner l'ouverture de la porte. Puis il s'en alla.


Miliane, une fois rentrée dans son appartement poussa un "Oooooouf !" de soulagement. Elle était enfin chez elle !.
Elle allait retourner dans le Grand Salon lorsqu'on sonna à sa porte.
Miliane surprise décrocha l'interphone avant d'ouvrir. "Oui ???"
"Je suis votre voisine, j'habite au même étage. Je peux vous voir un instant ?"
Miliane ouvrit la porte. Devant elle : une petite femme toute ronde et toute ridée écarquillant sans cesse les yeux
"Bonjour Mademoiselle, j'ai appris par Monsieur Narroway que vous étiez la nouvelle lo-ca-taaairrre. Je suis très heureuse de faire votre connaissance. Je suis Madame Dune. Si vous avez besoin de quoique ce soit... Quand on vient d'enménager on ne sait pas toujours tout."
"C'est très gentil à vous, je vous remercie" dit Miliane en s'apprêtant déjà à refermer la porte.
"Pardonnez-moi Mademoiselle mais...  juste une petite question..."
"Oui ???"
"La cuisine, votre cuisine... Oui dites moi  : elle est bien revenue n'est-ce pas ???"

 

                                 "Et voilà !" pensa Miliane "J'ai une voisine complètement folle ! Me voilà bien !!!"

 

"Oui oui ! Je sais... je sais..." continua Madame Dune "...Monsieur Courtois et moi n'étions pas de la même génération... Mais quand même... ...Il était toujours si prévenant envers moi et venait souvent me voir pour me rassurer en me disant "Oui Madame Dune : la cuisine est bien revenue.". Bien sûr ce n'est peut-être pas grand chose pour vous... Mais enfin... C'était une attention à laquelle j'étais toujours très sensible. Voilà tout. Au revoir Mademoiselle."

 

Miliane regarda en souriant avec un sourcil froncé interrogateur Madame Dune rejoindre en trottinant son appartement.


"Mais où suis-je donc tombée ?!?!?!!" et Miliane en riant alla vite dans le Grand Salon pour savoir ce que pouvait contenir la mystérieuse serviette en cuir cachée sous l'un des sofas.

 

À peine se penchait-elle pour la prendre que Miliane entendit un grand fracas qui lui sembla venir du débarras.
Elle courut dans le couloir, ouvrit la porte du débarras, alluma la lumière : Rien. Tout était normal.
 

                     Mais alors qu'elle rejoignait le Grand Salon, Miliane s'immobilisa toute figée par la stupéfaction. 

 

"Mais non. Il y a quelque chose qui cloche" se dit tout haut Miliane et elle retourna voir le débarras.
Ses yeux ébahis constataient l'incroyable !!! Devant elle tout semblait rangé et ordonné comme elle l'avait vu avec la personne de l' Agence. Sauf que !!! Sauf que chaque objet était à une place différente !!! Comme si une main de Fée s'était amusée à tous les mélanger. Même l'aspirateur qu'elle avait vu vertical sur le sol était maintenant à l'horizontale sur la plus haute des étagères !

 

Le concerto pour rossignol et orchestre de Jean Wiéner se fit entendre : Le Grand Meaulnes appelait Miliane sur son iPhone.

"Monsieur... ... ... Oui Monsieur.  ... ... ....  ...Bien sûr Monsieur... ... ...Ho mon enquête commence à peine Monsieur. Dès que je tiens quelque chose d'essentiel je vous envoie un rapport précis par la voie habituelle. Ha ? Bien Monsieur. Entendu ce sera donc par le Môle. ... ... ... Merci Monsieur. Très belle soirée à vous aussi Monsieur."

 

En retournant dans le Grand Salon, Miliane vit qu'une porte s'était entr'ouverte dans le couloir, C'était celle de la salle de bain.
"Encore une pièce qui va me jouer elle aussi des tours très certainement !" se dit Miliane avec amusement en poussant la porte.
Elle actionna le mitigeur du lavabo : "Tiens ?!! De l'eau qui coule !?!?!!! Comme c'est origi... .. ."
Miliane avait levé la tête vers le miroir du lavabo. Elle se voyait dans le miroir et cela c'était tout à fait normal mais ce qui ne l'était pas du tout c'était tout le reste : Miliane se retourna brusquement : elle voyait la salle de bain avec sa porte ouverte donnant sur le couloir mais le miroir lui, bien que reflétant le visage de Miliane et l'ouverture de la porte, reflétait derrière un tout autre décor que le couloir de son appartement. 
Miliane approcha au plus près son visage du miroir : La pièce qui remplaçait le couloir représentait une sorte d'arrière-boutique poussiéreuse d' antiquaire dans laquelle étaient entreposées des statuettes que Miliane reconnut comme étant des divinités égyptiennes. Miliane remarqua , sans même s'en étonner, que le sol en terre de cette arrière-boutique était de la même teinte ocre que celle de la tablette utilisée par l'homme de l' Agence pour mémoriser l' empreinte de sa main.

 

On sonnait une nouvelle fois à la porte de l'appartement. 

Prise d'un pressentiment Miliane sortit en courant de la salle de bain et alla vite chercher dans le Grand Salon la serviette en cuir marron puis elle alla la cacher dans la cuisine derrière le réfrigérateur.


Miliane décrocha l'interphone.
"Je suis Madame Bastet et..."
Miliane ouvrit la porte à une sorte de grande louve humaine portant un tailleur de cuir noir et des bas noirs dont le voile ombreux était si léger qu'il laissait voir la blancheur rosée des jambes.


"Oui. Bonjour... Comment vous dire cela ??? Oooouuiiii... Je me sens particulièrement coupable de venir vous déranger ainsi dès le premier jour de votre emménagement. Mais voilà : il me semble. Je dis bien il me semble avoir oublié hier dans le Grand Salon une... comment  décrire cette choooose... ... une sorte de... ... ...oui une sorte de sacoche contenant des papiers... disons... ...relativement importants... ... pour moi. 

Vous ne l'auriez pas vue par hasard ?
Et sans attendre de réponse Madame Bastet jeta un regard perçant vers le couloir en murmurant lascivement : "Vous... permettez... que... j'aille...vérifier." 
                                                                                    Sans point d'interrogation. 

 

Miliane suivit dans le couloir Madame Bastet qui en passant devant la salle de bain en referma la porte.

"À moi aussi autrefois mon parfum préféré était Heure Noire, maintenant c'est Neptune, plus sobre hélas, mais plus en accord avec mon âge. Hélaaaaas aussi..."
Au fait : Monsieur Narroway vous a-t'il parlé des portes qui sont toujours très récalcitrantes à être bien fermées. Nooooon ??? Alors je fais bien de vous le dire !!!."
Arrivée dans le Grand Salon Madame Bastet s'arrêta net devant les deux sofas. "J'étais pourtant sûre de l'avoir laissée sur l'un des sofas..." Elle balaya ensuite du regard tout le salon puis se tourna vers Miliane : "Écoutez je ne vais pas davantage nous faire perdre notre temps, si précieux. Monsieur Narroway vous a donné le numéro de ma secrétaire. Et si vous trouvez cette sacoche je suis bien certaine que vous n' hésiterez pas à..."  puis, d'une voix soufflée et en fixant ses grands yeux avec insistance dans ceux de Miliane : "... ... m'en faire... paaaart !"

 

"Bien évidemment je n'y manquerais pas." dit Miliane avec ce divin sourire particulier qu'elle utilisait pour dire : "Tu peux toujours rêver !!!"

 

En raccompagnant dans le couloir Madame Bastet, Miliane lui demanda si elle pouvait utiliser les produits d'entretien qui était dans le débarras.

"Malheureusement vous devrez en acheter car il n'y a qu'un aspirateur et peut-être quelques vieux outils." répondit Madame Bastes tout en ouvrant la porte : "Tenez : regardez."

Miliane hébétée de surprise faillit cette fois-ci en pouffer de rire : en effet le débarras était devenu si vide qu'il n'y avait qu'un vieux chiffon sec qui traînait à coté d'un flacon d'essence de térébenthine sur une des étagères. Et toujours l'aspirateur à la verticale de nouveau sous l'interrupteur. Mais nouveauté : il y avait accroché sur le mur de droite un petit tableau naïf représentant une femme dans un champs désignant le soleil à une petite fille.

 

"Je suis sans doute bien curieuse... ... Mais... Quel métier exercez-vous Mademoiselle ? Ho ! Vous n'êtes pas obligée de me répondre ! Je vous demande cela par simple curiosité. Le locataire d'avant Monsieur Courtois était ingénieur mais les rares fois où nous avons pu nous entretenir, il m'a parlé de tout sauf de son métier !" dit Madame Bastet  en souriant avec une légère pointe d'orgueil enflammant ses joues.

"Je suis herboriste" répondit Miliane.

"Herboriiiiiste ?!? c'est un métier un peu... ...lointain... ...et que la plupart des gens ne connaissent que de nom. Ce qui est mon cas d'ailleurs !" dit en riant Madame Bastet.

"Oui mais je n'étudie que certaines plantes... et particulièrement ...les plus vénéneuses."

Madame Bastet s'approcha tout près de Miliane : "J'espère que vous faites alors bien attention où vous mettez les pieds.  Au revoir Mademoiselle !"

 

 

 

 

 

 

 

... / ...